Face à la crise sanitaire, le gouvernement lance un "plan jeunes" massif

Face à la crise sanitaire, le gouvernement lance un "plan jeunes" massif

Publié le : 30/07/2020 30 juillet juil. 07 2020

Il s'agit du premier volet du plan de relance pour résorber les effets économiques de la crise sanitaire : un plan jeunes qui vise à n'en laisser aucun sur le bord de la route en activant plusieurs leviers. Aides à l'embauche, plan de formation, parcours personnalisés pour les jeunes en difficulté, zoom sur les mesures qui intéressent les services RH

Massif, diversifié et de qualité. Telle est l'ambition du plan jeunes dévoilé hier par le gouvernement autour du slogan "Un jeune, une solution". L'exécutif cherche à éviter que toute une génération soit sacrifiée en raison des conséquences économiques de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19. 250 000 jeunes de plus par rapport à fin 2019 pourraient en effet venir gonfler le nombre de demandeurs d'emploi. Pour répondre en urgence à ce risque, le gouvernement a mis sur pied non des solutions prêtes à l'emploi, mais une palette d'outils permettant de répondre au mieux à la situation spécifique de chaque jeune et ce, afin de leur offrir "des perspectives d'avenir crédibles".
Ce plan jeunes "d'une ampleur historique", selon les termes utilisés par l'entourage de la ministre du travail, Elisabeth Borne, auquel 6,5 milliards d'euros sont affectés, se déploie autour de trois grands axes.

Une aide de 4 000 euros par an pour toute embauche d'un jeune de moins de 25 ans

Le premier volet de ce plan vise à inciter les entreprises à recruter des jeunes alors même qu'elles sont dans une période d'incertitude économique et qu'elles n'ont donc pas de visibilité sur leurs objectifs de recrutement. Avec le versement de cette aide, l'exécutif espère qu'elles prendront le risque d'embaucher. Si du côté du ministère du travail, on minimise le risque d'effets d'aubaine et on assure que les aides à l'embauche créent de l'emploi, il n'en demeure pas moins que cet effet d'aubaine est - au moins en partie - assumé. "Accélérer le recrutement de quelques mois d'un jeune, c'est renforcer son insertion professionnelle, assure-t-on ainsi au ministère du travail. Le plus important est l'effet sur le timing afin d'éviter des décrochages". 

Le gouvernement a renoncé à une exonération de cotisations au profit d'une compensation de charges sur l’ensemble des contrats de travail de plus de trois mois conclus avec des jeunes de moins de 25 ans, jusqu’à deux Smic, sous la forme d’une compensation de charges, versée par l’Agence de Services et de Paiement (ASP) trimestriellement pendant un an à hauteur de 4 000 euros. Au début des concertations, c'est le seuil de 1,6 Smic qui avait été annoncé ; le relèvement à deux Smic permet d'inclure dans le champ de l'aide davantage de secteurs. L'aide sera versée pour les contrats conclus entre le 1er août 2020 et le 31 janvier 2021. Le ministère du travail se donne comme objectif 450 000 contrats de travail concernés. 

Une seconde aide vise les contrats d'apprentissage et de professionnalisation. Cette aide exceptionnelle de 5 000 euros pour les moins de 18 ans ou de 8 000 euros pour les plus de 18 ans sera versée pour tout contrat préparant à un diplôme ou un titre de niveau master ou inférieur, signé entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021, sans condition sur le nombre d’apprentis pour les entreprises de moins de 250 salariés, et sous condition pour celles de 250 salariés ou plus, d’absence d’assujettissement à la contribution supplémentaire à l’apprentissage (CSA). 

200 000 jeunes formés aux métiers d'avenir

Le deuxième pilier du plan jeunes est constitué par un effort massif de formation en direction de 200 000 jeunes afin de les préparer à occuper des métiers d'avenir ou à trouver un emploi dans des secteurs clefs. Parmi les formations proposées, 100 000 formations qualifiantes ou pré-qualifiantes seront ajoutées au Plan d'investissement dans les compétences (PIC). Ces formations seront fléchées vers les métiers de la transition écologique, du numérique, des soins et de la santé ("care") et les secteurs prioritaires du plan de relance, fortement impactés par la crise, qui doivent faire évoluer leurs besoins de compétences (tourisme, industrie, agriculture et agro-alimentaire …).

Le gouvernement mise également sur le compte personnel de formation via l'appli. Ainsi, d’ici la fin de l’année 2020, chaque jeune de moins de 25 ans sans qualification pourra accéder via "Moncompteformation" à une offre de formation qualifiante ou préparant à la qualification adaptée à ses besoins, intégralement financée par le service public.

Autre mesure annoncée : tous les jeunes accompagnés pourront réaliser un diagnostic de leur maitrise des compétences numériques via l'outil de diagnostic en ligne (PIX). Lorsque le diagnostic montrera le besoin de consolider les compétences numériques, les jeunes verront leur CPF abondé automatiquement du montant correspondant à la formation CléA numérique qui permet d’acquérir les premières compétences numériques vers l’emploi. Par ailleurs, à partir de 2021, 20 000 nouvelles formations de la Grande Ecole du Numérique seront créées. La Grande Ecole du Numérique (GEN) est un réseau de formations au numérique accessibles à tous, qui favorisent l'inclusion et permettent de se former aux métiers d’avenir dans la filière du numérique. Il propose chaque année de nombreuses formations labellisées aux personnes éloignées de l’emploi.

Enfin, la rémunération des jeunes stagiaires de la formation professionnelle sera revalorisée à hauteur de 200 euros pour les 16-18 ans et de 500 euros pour les 16-25 ans. 

Des contrats aidés ciblés et accompagnés

Enfin, troisième et dernier axe "emploi" du plan pour les jeunes qui rencontrent des difficultés particulières (sociales, financières, d'exclusion) : 300 000 parcours d'insertion sur mesure. Les contrats aidés, délaissés en début de quinquennat, seront de nouveau mobilisés mais avec un accompagnement de qualité afin de ne pas se heurter aux écueils classiques de ce type de dispositif. Plus de moyens seront ainsi accordés à Pôle emploi, aux structures d'insertion par l'activité économique et aux missions locales. 60000 parcours emploi compétences (PEC) sont ainsi prévus dans le secteur non marchand et 10 000 contrats d'insertion dans l'emploi (CIE) dans le secteur marchand en 2020, puis 50 000 en 2021. 

Une déclinaison régionale et par bassin d'emplois

La concertation va désormais se poursuivre entre la ministre du travail, Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux, le secteur associatif, les collectivités. Certains sujets du plan jeunes restent à définir, notamment les objectifs que pourront se donner des entreprises ou des branches professionnelles en termes de recrutement de jeunes, d’apprentis, de jeunes résidant dans des quartiers de la politique de la ville. L'autre sujet essentiel est la déclinaison de ce plan national au niveau régional et des bassins d'emploi.

Car si le gouvernement entend bien impulser "un élan" à ce plan dès la rentrée, il faudra attendre quelques semaines, voire quelques mois, pour que les acteurs affinent ce cadre général et en définissent une mise en oeuvre adaptée à leurs territoires. 

Source actuel rh https://www.actuel-rh.fr/content/face-la-crise-sanitaire-le-gouvernement-lance-un-plan-jeunes-massif

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